Depuis 2008, le jazzman et compositeur Jérôme Berney dialogue avec la musique classique. Dans le projet «3+3», il mêle un trio jazz et un trio classique, autour de grandes œuvres du répertoire (Ravel, Martin, Fauré, Chostakovitch). Avec «Blue Flower Songs» (Cully Jazz Festival 2013) et «Ivresses» (Montreux Jazz Festival 2014), il crée une rencontre entre des voix classiques et des instruments jazz, sur des poèmes de François Debluë et Charles Baudelaire.
En composant un Stabat Mater, il franchit une nouvelle étape dans l’écriture musicale et offre une version originale du fameux poème médiéval de Jacopone da Todi, souvent mis en musique par le passé. Pour la première fois, le texte latin apparaît dans la lumière bleutée du jazz, à travers une instrumentation; saxophone ténor et contrebasse – des harmonies et des pulsations rythmiques propres à cette culture musicale. Mais cette œuvre peut également être rapprochée, par son dépouillement, des chants médiévaux grégoriens.
Mater dolorosa est une œuvre a capella, en français, sur un poème inédit de François Debluë, inspiré par certaines images du tremblement de terre en Haïti de janvier 2010. Le poète a été profondément ému par une scène où une mère chantait en tenant son enfant mort dans les bras. Jérôme Berney propose une musique très intimiste, construite autour du silence et de la respiration, cherchant à traduire au plus près les émotions si fortes et paradoxales de ce chant de douleur maternelle.